• Red Moon (1/4) Origines - Jake Vecchiet

    red moon - tome i origines couverture

    Résumé :

    Dan est un adolescent tout ce qu’il y a de plus normal : partagé entre sa meilleure amie Claire, ses études et le sport… Mais lors de son entrée au lycée, le jeune homme va réaliser que dans l’ombre, les Initiés semblent se disputer Crystal Village. Ce sentiment d’exclusion ne fera qu’augmenter, jusqu’à ce que le garçon réalise l’implication de sa mère, ainsi que d’Anna, une jeune lycéenne qui fait battre son cœur. Avec l’aide de Liam, un nouveau venu au lycée, et d’Anna, Dan fera tout pour découvrir la vérité, au risque de s’immiscer dans une nouvelle réalité effrayante…

     

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    Chapitre

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    Extrait :

    01

     

    Je courais toujours plus vite, poussé par la colère. J’avais l’impression que la chaleur à l’intérieur de mon corps allait me brûler. J’accueillais avec bénédiction chacune des branches qui frappaient mes bras.

    Je ne sentais plus du tout la fraicheur de la nuit. La rosée qui s’installait dans la forêt ne suffisait pas à faire descendre cette fièvre qui m’habitait.

    La lune, pleine au-dessus de ma tête, rendait les environs moins sombres, mais il me semblait que, progressivement, je pouvais discerner chaque élément autour de moi… Comme en plein jour.

    Et je sentis mon corps se gonfler de force. Etait-ce l’adrénaline qui me donnait une telle énergie ? J’étais pratiquement certain de dépasser tous les records de vitesse existants…

    La hargne qui brûlait mon corps semblait se propager dans mes veines, tel un poison. Je grandissais. Mon corps s’étoffait. Etais-je en train de me transformer en monstre ? Cela n’avait pas d’importance, au contraire, cela me donnerait le pouvoir de me venger. Et c’était tout ce que je demandais…

    Lorsque je baissai les yeux, j’aperçus trois corps à mes pieds. J’avais fait ça. J’en étais responsable, pourtant je ne sentais toujours pas la rage quitter mon ventre. J’avais toujours l’impression que cette fièvre allait prendre le dessus sur ma raison, qu’elle allait me rendre fou.

    PAN.

    Une seule détonation. Je me retournai pour distinguer un barillet fumant. Je ne l’avais pas entendu arriver celui là…

    Soudain, la douleur se fit ressentir dans ma poitrine. Je passai ma main sur mon torse. Du sang. Ma vision se brouilla et je tombai au sol. Allongé sur le dos, j’entendis mon cœur résonner dans mes entrailles.

    Le froid. Je le sentis investir mes extrémités, et un frisson me parcourut l’échine. Un individu se pencha sur moi. Ses lèvres remuèrent.

    Et je sentis le tout dernier battement de mon cœur emporter ma vie.

     

    ***

     

    Vendredi 18 Août 2006

     

    Anna se réveilla en hurlant. Elle tenta de ralentir sa respiration haletante, mais son esprit était resté dans cette forêt ténébreuse.

    Progressivement, elle se calma.

    La porte de sa chambre s’ouvrit, une femme en peignoir pénétra dans la pièce.
    - Ca va, mon ange ? s’inquiéta la mère.

    L’adolescente déglutit avant de hocher la tête. Elle passa une main pour éloigner une mèche de cheveux de sa joue.

    Elle devait avoir une mine affreuse. Elle avait transpiré comme si elle venait de courir un marathon, ses cheveux blonds étaient collés à sa nuque et à son visage.

    Elle prit une profonde inspiration.

    - Désolée maman, articula-elle finalement. Ca paraissait tellement… Réel.

    Monique jeta un coup d’œil au réveil : 3h30. Elle s’assit sur le lit de sa fille et lui attrapa gentiment le bras.

    - Qu’as-tu vu ? demanda-t-elle.

    Anna enfouit son visage entre ses paumes.

    - Peu importe, ce n’était qu’un cauchemar… Excuse-moi de t’avoir réveillée.

    La mère plongea ses yeux verts perçants dans ceux de sa fille.

    - Qu’as-tu vu ? insista-t-elle.

     

    La blonde haussa les épaules.

    - J’étais dans une forêt, et… Je crois que je me suis faîte tirer dessus. Je ne sais pas, c’était flou…

    Monique Bales prit une mine renfrognée, accentuant les rides aux coins de ses yeux. Après un moment de réflexion, elle caressa doucement l’avant-bras de sa fille.

    - Prends une douche mon ange, puis habille-toi… Il faut que je te montre quelque chose…

    Anna fronça les sourcils.

    - Fais-moi confiance, assura sa mère.

    Elle quitta la chambre de sa fille et se reposa une seconde contre la porte une fois qu’elle l’eut fermée.

    Je ne pensais pas que cela se passerait aussi tôt…

    Son regard balaya le couloir. Sur une table, à sa droite, tous les bibelots lévitaient à quelques centimètres du meuble.

    Non, ce n’était pas « qu’un cauchemar »…

    Monique posa une main sur la table, les objets descendirent progressivement jusqu’à regagner leur place originelle.

     

    ***

     

    - Maman, où est-ce qu’on va ? questionna Anna.

    L’adolescente avait pris sa douche, mais à peine avait-elle peigné ses cheveux, que sa mère lui avait demandé de monter dans la voiture.

    - Maman ? répéta-t-elle en la regardant de côté.

    Monique semblait ailleurs. Parfois, elle replaçait une mèche imaginaire de cheveux auburn derrière son oreille. Elle était anxieuse, Anna savait reconnaître les signes chez sa propre mère.

    Elle s’était conduite de la sorte quelques années plus tôt, alors qu’elles avaient été cambriolées. En réalisant que quelqu’un avait pénétré chez elles, Monique avait pris sa fille par la main et elles avaient roulé sans un mot jusqu’à la maison de l’oncle d’Anna.

     

    Finalement, la mère tira le frein à main.

    - Maman, qu’est-ce que l’on fait ici ? Il n’y a que les vieilles mines ! Il est quatre heures du matin, pourquoi est-ce qu’on est là ?

    Monique se détacha.

    - Sors, s’il te plait.

    Anna lui attrapa le poignet.

    - Pas avant que tu ne me dises ce qu’il se passe !

    Elle avait légèrement monté le ton. Ce n’était vraiment pas d’elle de se rebeller contre sa mère. C’était son seul vrai parent et elle avait le plus grand respect pour elle, mais son attitude devenait presque effrayante.

    Monique retrouva sa moue habituelle, révélant un visage fermé, orné d’une bouche pincée.

    Lorsqu’elle parla, sa voix était posée et se voulait chaleureuse.
    - Je vais tout expliquer, assura-t-elle. Tu me fais confiance, mon ange ?

    Anna hésita.

    - Oui, répondit-elle finalement.

    Monique lui sourit.

     

    La mère ouvrit le coffre et en sortit un sac beige en toile qu’elle porta en bandoulière. Ce n’était pas du tout son genre d’accessoire habituel…

    Anna serra son manteau contre elle, autant pour se réchauffer que pour se rassurer.

    - Il y a des gens qui mènent durant toute leur existence une vie monotone, et il y a les autres. Il y a ceux pour qui les choses sont en noir et blanc, et une minorité qui voit toutes les nuances de gris, récita Mme Bales.
    L’adolescente suivit sa mère alors qu’elle se rapprochait de l’entrée barricadée de la mine.

    Et maintenant ?pensa Anna devant les planches de bois clouées.

    - Toi, et moi, continua Monique en se tournant vers sa fille, nous faisons partie de la deuxième catégorie. Nous vivons avec les autres sans vraiment prendre part à ce manège… Car nous pouvons voir plus loin.

     

    Monique tendit sa main droite. Son annulaire était orné d’une bague en argent. Le bijou révélait une grosse topaze bleue.

    Les planches de bois se mirent à vibrer. Anna fit immédiatement un pas en arrière.

    Sa mère baissa son bras.

    - Ce n’est rien mon ange, c’est moi qui fais ça…

    L’adolescence la regarda en fronçant les sourcils. Elle se demandait si elle avait vraiment émergé de son cauchemar.

    - Je veux que tu le sentes, fit Monique en attrapant la main de sa fille.

    Une douce chaleur grimpa le long du bras de la blonde. Cette forme d’électricité intangible se répartit dans tout son corps. Ce n’était pas désagréable, bien au contraire… La sensation gagna sa nuque. Elle se sentait vraiment bien, comme apaisée.

    Son corps se relaxa.

     

    De sa main libre, Mme Bales leva deux doigts qui intimèrent aux planches de bois de s’écarter du chemin. En quelques instants, l’entrée de la mine désaffectée fut libre.

    Anna lâcha doucement sa mère.

    - Que… Que s’est-il passé ?

    Sa curiosité n’avait pas disparu, mais on aurait dit que toute forme de peur ou de crainte avait été bannie de son cerveau.

    - Nous sommes des sorcières, expliqua la femme en souriant.

     

    ***

     

    - Quoi ? répéta Anna.

    - Tu m’as bien entendue…

    L’adolescente se pinça pour vérifier qu’elle était bien éveillée.

    Non, pas de doute… Ce n’est pas un rêve.

    Est-ce que sa mère était devenue folle ? Au XXIème siècle, comment pouvait-elle imaginer que les sorcières existaient ?

    - Maman, j’aimerais vraiment rentrer à la maison…

    Monique l’attrapa par le bras.

    - Tu as vu par toi-même. Tu dois me croire, je peux te montrer plus !

    Le regard d’Anna se ficha dans celui de la femme. Elle semblait psalmodier des propos inintelligibles.

    Elle allait lui demander ce qu’elle faisait, lorsque quelque chose entra dans son champ de vision.

    L’adolescente recula. Tout autour d’elle, des feuilles d’arbres dansaient dans les airs.

    - Oh mon Dieu, murmura-t-elle.

    Les feuilles se mirent à tournoyer autour des deux femmes avant de retomber mollement sur le sol.

    - C’est… C’est fou… balbutia Anna.

    Elle se retourna vers sa mère.

    - Je veux rentrer, assura-t-elle.

    La jeune blonde tourna les talons et prit place dans la voiture. Quelques minutes plus tard, Monique la rejoignit dans le véhicule.

    - C’est une chance, dit-elle simplement, un cadeau…

    Je ne veux pas de chance, je ne veux pas de cadeau…pensa l’adolescente.

    Mais elle se garda d’exprimer son opinion.

    La femme posa sa main sur celle de sa fille.

    - Peux-tu honnêtement me dire qu’il ne t’est jamais rien arrivé d’un tant soit peu inexplicable ? Quelque chose qui échapperait à la logique, telle que la conçoivent les non Initiés ?

     

    L’adolescente baissa les yeux.

    Sur des coups de colère, elle avait entendu des portes claquer sans qu’une once de vent ne soit détectable… Mais cela n’était pas une preuve !

    Parfois, elle avait imaginé des chuchotements à ses oreilles… Comme si elle avait pu percevoir les pensées des gens autour d’elle. Mais c’était impossible, l’esprit avait simplement tendance à imaginer des choses.

    Bien sûr, certains de ses pressentiments s’étaient révélés exacts, comme un test de biologie, ou un incident chez une des ses amies…

    D’une petite voix, Anna demanda :

    - Montre-moi.

     

    ***

     

    Jeudi 7 Septembre 2006

     

    Le téléphone sonna dans l’appartement.

    Tom grogna. Pourquoi fallait-il tout le temps qu’on l’appelle dans la nuit ?

    - Shérif Carter, répondit-il en soulevant le combiné.

    - Yannick Walker à l’appareil.

    L’homme se redressa immédiatement dans son lit. Il se racla la gorge et prit une attitude professionnelle.

    - Oui monsieur le maire, que puis-je pour vous ?

    - J’ai bien peur qu’ils soient de retour… Il y a eu un meurtre…

    Quelques secondes plus tard, le shérif raccrochait.

    Il passa sa main dans sa barbe avant de sauter de son lit. Il devait se presser : on ne faisait pas attendre le maire.

    Mais comment avait-il été mis au courant avant lui ?

    Pourquoi faut-il que ça arrive toujours la nuit ?

    Mais bien sûr, il connaissait la réponse à cette question.

     

    Une demi-heure plus tard, Tom était sur place. Le corps avait été retrouvé à la lisière de la forêt.

    Avant de sortir de la voiture, Tom Carter plaqua ses cheveux noir bourrés d’épis sur le côté et mit son chapeau par-dessus.

    Un de ses officiers l’accueillit immédiatement.

    Merde, mais tout le monde est au courant avant moi, ou quoi ?

    - Shérif, c’est une jeune femme. On ne l’a pas encore identifiée. Mais à priori, cela fait quelques jours déjà que son corps est ici. Le coroner a été prévenu, il est en route.

    - Qui a trouvé le corps ?

    L’officier désigna une femme âgée de la quarantaine aux cheveux auburn coupés courts. Ses bras étaient croisés et elle semblait en pleine conversation avec le maire.

    - Monique Bales, décrypta le shérif.

    Et évidemment, elle s’est empressée d’appeler Walker…

    - Merci Mike, préviens-moi quand le coroner arrive.

    L’officier hocha la tête.

     

    Carter avança à l’encontre du grand brun qui parlait à Mme Bales.

    - Monsieur le maire, interrompit-il.

    - Tom, enfin…  

    Le shérif déglutit en baissant la tête. L’homme en face de lui avait un talent pour rappeler aux gens qu’il était au-dessus d’eux.

    Carter releva son regard. Il devait faire attention à ne pas fixer la cicatrice qui ornait le front du maire.

    - Il va falloir recommencer les rondes dans la ville, ordonna Walker. S’ils sont de retour…

    - Du calme, coupa le shérif. Nous ne savons pas si la personne qui a fait ça est toujours à Crystal Village. Nous ne savons même pas si c’est vraiment un…

    - Oh si, trancha à son tour Monique. C’en est un !

     

    Tom prit une profonde inspiration en fixant le regard déterminé de son interlocutrice. Depuis qu’il connaissait la vérité sur « les Initiés », il ne voyait plus personne de la même façon.

    Et ces deux là sont définitivement les plus flippants…se dit-il.

    Il les laissa pour se rapprocher du cadavre. Effectivement, les blessures ne laissaient que peu de place au doute…

    La femme d’une pâleur à faire peur semblait être vidée de son sang. La plaie au cou avait coagulé, mais Walker devinait que le coroner trouverait deux traces distinctes de canines.

    Officiellement, il serait conclu à l’attaque d’un animal sauvage… Il devait rester quelques loups dans ces forêts…

     

    Un peu plus loin, Monique passa sa main sur le bras du maire. Elle arrivait d’ailleurs à peu près à hauteur d’épaule de l’homme au visage carré et aux cheveux poivre et sel coiffés en brosse.

    - Je dois rentrer Yannick, demain Anna… Enfin, tu sais.

    - Embrasse-la pour moi, marmonna le maire.

    Il avait manifestement l’esprit ailleurs. S’ils étaient de retour… Si ce n’était pas un cas isolé… Il se pouvait bien que la paix acquise à Crystal Village depuis quinze ans prenne fin.

    Il fit quelques pas pour rejoindre le shérif.

    - C’était une des vôtres ? Une Initiée ? demanda Tom en désignant le cadavre.

    - Je ne sais pas si c’était une Initiée, admit Walker. Ce n’était pas une sorcière en tous cas…

    Carter ne voulut même pas savoir comment le maire pouvait être certain de cette information…

    - Il semblerait que vous ayez raison, annonça-t-il finalement en s’agenouillant devant la victime. Les vampires sont de retour…

     

    02

     

    Vendredi 8 Septembre 2006

     

    Le soleil venait de se lever. Laura Flye entra dans sa maison. Elle déposa son sac de sport sur le plan de travail et s’approcha du calendrier. La date de la veille était cerclée de rouge.

    Un mois de plus…songea-t-elle en barrant le 7.

    Elle se glissa sans bruit dans le couloir. Arrivée devant le miroir, elle mit de l’ordre dans ses cheveux, où elle retrouva des brindilles accrochées. Ses cheveux longs et blonds étaient vraiment sales. Et elle avait toujours de la terre incrustée sous ses ongles.

    Il faut vraiment que je prenne une douche…

    Elle bailla. La propreté passerait après le sommeil. La vie était une question de priorités.

     

    Elle soupira devant le miroir. Les années passaient vraiment à une allure de cinglés. Si on lui avait dit qu’elle vivrait comme ça…

    Enfin, si les mêmes choix se présentaient de nouveau devant elle, Laura referait sûrement les mêmes… Ce n’était pas comme si elle avait des remords. Simplement une impression d’avoir été prise de court…

    Elle marcha à pas de loup jusqu’à la chambre de son fils. Elle entrouvrit doucement la porte.

    Dan était endormi. Il avait le sommeil très agité. Il gesticulait dans son lit comme si les draps avaient pris feu. Ses cheveux châtains paraissaient plus clairs avec la luminosité naissante.

    Elle sourit inconsciemment. Non, elle ne changerait aucun de ses choix…

     

    L’adolescent devait être en plein cauchemar. Mais il était toujours là, dans son lit… et c’était ça le plus étonnant à son âge…

    Disons qu’il n’est vraiment pas précoce…

     

    ***

     

    Le réveil sonna. Dan se réveilla dans un sursaut. Lorsqu’il ouvrit les yeux, ses iris avaient une couleur dorée. Mais il ne fut pas témoin de ce phénomène, car le temps qu’il gagne la salle de bain et se retrouve devant le miroir, ses yeux avaient recouvré leur noir habituel…
    Il prit sa douche et se coiffa comme à son habitude. Il prit une noisette de gel entre ses doigts et dressa sa mèche en un rien de temps.

    Une fois habillé, il gagna la cuisine.

    Un coup d’œil sur le calendrier lui confirma que sa mère n’avait pas passé la nuit à la maison.

    Comme chaque mois, elle avait sa soirée entre copines, seul souvenir d’une quelconque forme de sortie. Ce n’était pas facile pour quelqu’un comme Laura… Surtout qu’elle était propriétaire d’un bar en ville.

     

    Mais cela tombait bien. Aujourd’hui, Dan n’aurait pas à nettoyer la vaisselle laissée par sa mère. Ou à ranger les caisses qui pouvaient traîner dans le salon. Il se saisit simplement du sac de sport que Laura avait posé sur le plan de travail et le rangea à sa place, après avoir mis le linge sale dans la machine à laver.

    La femme avait dû rentrer quelques heures plus tôt et s’être couchée. Après tout, sa mère était toujours morte de fatigue lorsqu’elle rentrait de ses petites soirées…

    L’adolescent prit son petit-déjeuner tranquillement. Après un coup d’œil à l’horloge, il laissa une note concise à sa mère, prit ses affaires et quitta la maison.

     

    Une demi-heure plus tard, Dan retrouva sa meilleure amie Claire Sireg. Ils se tenaient droits, fixant avec courage la source de leur crainte.

    - Je n’aurais jamais cru que ça arriverait… murmura-t-elle en rehaussant ses fines lunettes à branches métalliques.

    L’adolescent hocha la tête.

    - On se dit que ça peut arriver, continua-t-elle. Tu sais… Que ça va arriver un jour…

    - Pourtant, c’est là… Et on ne peut rien y faire, constata-t-il.

    - Tu es sûr ? s’enquit-elle en plongeant ses yeux noisette dans ceux de son ami. On ne peut pas simplement tourner les talons et ne jamais nous retourner ?

    Dan soupira.

    - J’ai peur que non.

    Il passa une main par-dessus les épaules de son amie. Ce qui n’était pas difficile puisque la fille ne mesurait qu’un mètre soixante bien tassé…

    Ils traversèrent le portail.

    - Tôt ou tard, il faut affronter le lycée, conclut Dan.

    Ils partagèrent un sourire complice et pouffèrent de rire.

     

    ***

     

    - Evidemment, nos casiers ne se trouvent pas du tout au même endroit… remarqua Claire.

    Le lycéen acquiesça.

    - Tu sais bien que le monde essaie de nous séparer, plaisanta-t-il.

    - Je sais ! cria-t-elle. Ils sont tous dans le coup, ces vendus de la scolarité…

    Dan sourit. Elle avait vraiment le don pour le dérider.

    Ils marchèrent ensemble dans le couloir, profitant du brouhaha ambiant pour parler à leur guise.

    - Heu, c’est normal que je ne connaisse pas la moitié des visages ici ? interrogea le garçon.

    Claire passa une main dans ses cheveux châtains méchés.

    - Ils doivent venir du collège privé… Je me demande bien pourquoi Crystal Village a besoin de deux collèges… Tu peux m’expliquer ça ? On est pourtant le bout du monde, non ? Y a tellement de forêts ici qu’on se croirait des elfes, pas une ville à des kilomètres…

    L’adolescent acquiesça.

    - Tes parents n’avaient pas fait une demande pour que tu intègres le collège privé ?

    - Si… admit Claire. Ils ont dû surestimer la fortune familiale…

    - Ah, si j’étais riche… rêva Dan.

    Il avait toujours été difficile pour sa famille de joindre les deux bouts. Un peu plus d’argent n’aurait pas fait de mal…

    - Tu… Tu as pu avoir ta bourse ? demanda l’adolescente, un peu mal à l’aise.

    Son ami acquiesça.

    - Oui, mais je vais essayer de rentrer dans l’équipe de football. Ils offrent d’avantage si on s’investit dans ce magnifique établissement…

     

    - Je crois que c’est ma salle de cours, annonça Claire. Est-ce que…

    Mais Dan n’entendit pas la fin de la phrase : une camarade le bouscula et il fit tomber ses livres de cours.

    Il s’accroupit pour les ramasser. En relevant la tête, il aperçut une fille qui prenait des affaires dans son casier. Elle ne semblait pas très grande, quoi que plus que Claire. Ses cheveux blonds lui arrivaient au niveau de la nuque où ils étaient retroussés vers l’extérieur grâce à un peu de laque.

    Elle allait se retourner, lorsque Claire secoua l’épaule de son ami.

    - Hé, tu m’écoutes ?

    Le lycéen s’éclaircit la gorge.

    - Oui, bien sûr.

     

    - Alors, tu as cours où ?

    Bonne question… pensa-t-il.

    Il tira son emploi du temps d’un livre et tenta de le décrypter.

    - J’y comprends rien… marmonna-t-il.

    - Mauvaise étage, Sherlock ! lança Claire. C’est au 5ème !

    La sonnerie retentit.

    - Heureusement que j’ai Watson… Bon, je te laisse… Je n’aimerais pas faire mauvaise impression.

    L’adolescente sourit avec affection en voyant son meilleur ami slalomer entre les élèves. Puis elle se retourna et aperçut la blonde qui avait volé l’attention de Dan.

    Son sourire disparut.

    Nouvel établissement, nouvelles filles. Elle espérait ne pas y trouver de rivales…

     

    Dan arriva devant l’ascenseur alors que les portes se refermaient.

    - Attendez ! cria-t-il.

    Mais personne ne prit cette peine. Lorsqu’il apparut devant les portes, elles étaient quasiment closes. Il distingua trois élèves, plus vieux que lui, portant des blousons de football. Celui du milieu avait des cheveux blonds coiffés en une queue de cheval. Il haussa les épaules avec un petit sourire.

    - Dommage, glissèrent-ils avant de disparaître.

    Très aimable…pensa Dan. Ca donne envie de rejoindre l’équipe…

    L’adolescent fut condamné à prendre les escaliers en petite foulée. Lorsqu’il atteignit le 5ème étage, il tenta de retrouver son souffle.

    Il gagna sa salle de classe. La porte était déjà fermée. Il frappa avant d’entrer.

    - Dan Flye, je présume ? demanda le professeur.

    L’adolescent acquiesça.

    - C’est bon pour cette fois, mais la prochaine fois vous aurez une retenue… Je ne tolère pas le manque de ponctualité !

    - Désolé, marmonna l’élève avant de se trouver une place.

    Il croisa le regard de certains élèves qui pouffèrent de rire.

    Bien la rentrée… Bien.

     

    ***

     

    Le conseil prit place à l’intérieur de la salle de réunion de la mairie. Yannick Walker présidait, au bout de la longue table en bois.

    - Il semblerait que nous ayons un problème, annonça-t-il.

    Chacun des visages se tourna vers lui.

    - Nous avons eu confirmation qu’un groupe de vampires séjourne à Crystal Village. Le shérif va mobiliser ses officiers pour organiser des rondes de nuit. Nous devons tous nous tenir sur nos gardes. Nous pensons que la fête qui suivra le salon des métiers les attirera. Ils chercheront probablement à faire des victimes lorsque le soleil sera couché.

    Le maire se leva et s’appuya de ses deux mains sur la table, se penchant en avant pour plus d’emphase.

    - Je refuse qu’un seul élève soit pris pour cible.

     

    Un conseiller se racla la gorge avant de demander :

    - Quelle est notre politique vis-à-vis du troisième camp ? Sont-ils même au courant ?

    Walker échangea un regard avec Monique Bales, assise à sa droite.

    - Il semblerait que non… Cette décision doit être prise par le conseil. Les impliquons-nous ou pas ? Nous savons que la collaboration peut engendrer des problèmes, notre système nous garantit un équilibre précaire depuis quinze ans, je n’admettrai pas qu’un groupe de vampires vienne semer le trouble dans notre ville.

    La plupart des conseillers hochèrent la tête.

    - Bien, passons au vote. Ceux qui sont pour inclure la meute ?

    Des mains se levèrent, rares et hésitantes. Le maire compta.

    - Contre ?

    La majorité trancha.

    - Que le gardien du secret soit avisé de cette décision, annonça-t-il au conseil.

    Chacun scruta son voisin. A ce jour, personne à l’exception du maire et de la meute ne connaissait l’identité du gardien. Il était le lien. Celui qui préservait l’équilibre.

     

    Walker demanda au conseil de prendre connaissance auprès du shérif Carter de la disposition des gardes pour le salon des métiers.

    Le maire resta seul un moment, lorsque ses collègues eurent quitté la pièce. Il marcha pensif, les mains croisées dans le dos.

    Il s’arrêta au bout de la salle, devant le rideau bordeaux qui cachait le pan de mur.

    Inconsciemment, il se mit à caresser la cicatrice sur son front. Pourquoi avait-il un tel pressentiment ?

    Il n’avait pas réussi à trouver le sommeil depuis des jours. Non pas qu’il ait eu le même don de prémonition que son frère et sa mère.

    Non, cet héritage n’avait pas été le sien…

    Il effleura le rideau de ses doigts.

    Pourvu que l’on n’en ait pas besoin…

     

    ***

     

    Samedi 9 Septembre 2006

     

    - Alors, tu as vu quelque chose qui t’intéresse ? questionna Claire.

    Dan haussa les épaules. Voilà plus de deux heures que les amis parcouraient les étalages dans l’enceinte du lycée.

    La cour de récréation avait été emménagée pour l’occasion du salon des métiers. Pour la plupart, c’étaient les parents des élèves qui se chargeaient de vanter les mérites de leur profession. Mais l’administration avait tout de même réussi à dégoter des professionnels de tout le pays.

     

    Il y avait également des représentants des grandes écoles supérieures.

    L’adolescent n’avait même pas cherché à s’entretenir avec eux. Ils étaient principalement là pour les seniors, ceux qui quitteraient le lycée l’année suivante. Et de toute façon, les admissions étaient bien trop chères pour ses moyens.

    - Et toi ? demanda finalement Dan.
    Claire désigna l’ensemble des prospectus qu’elle avait récolté.

    - Ca ne peut pas faire de mal de se renseigner… argumenta-t-elle.

    Son ami acquiesça.

    - Ta mère n’est pas venue ? enchaîna la fille.

    Dan sourit.

    - Pour présenter son bar ? Je ne suis pas certain que la vente d’alcool soit très bien vue par le système éducatif…

    - C’est un métier comme un autre, plaida la lycéenne.

    L’adolescent hocha la tête. Il savait que sa meilleure amie avait le plus grand respect pour Laura. Mais elle avait tendance à en rajouter pour qu’il ne se sente pas mal…

     

    - Allez, prends un stand au hasard et lance-toi ! poussa la fille.

    - Ok, marmonna Dan.

    Il laissa passer deux élèves qui venaient en sens contraire et marcha vers le petit chapiteau le plus proche.

    Sous la tente, se trouvaient des employés de la mairie. Il s’approcha de la table qui le séparait d’un homme au front dégarni, et d’une femme aux cheveux auburn, coupés courts.

    Il lut son nom sur une étiquette collée à son pull : Monique Bales.

    - Bonjour, lança-t-il.

    Elle le remarqua enfin et marqua une pause en scrutant son visage.

    - Bonjour, répondit-elle.

    Dan joignit ses mains en signe d’hésitation.

    - Alors… Que pouvez-vous me dire à propos de votre métier ?

    Monique commença à rassembler des prospectus qui trainaient sur la table et les lui tendit.

    - Il est très intéressant, il faut savoir que… Excusez-moi, se coupa-t-elle, est-ce que je vous connais ?

    L’adolescent sourit poliment.

    - Heu, je ne pense pas…

     

    - Peut-être alliez-vous au collège avec ma fille, Anna ? Quel est votre nom ?

    Elle tendit la main au garçon. Il s’en saisit et répondit :

    - Dan. Dan Flye.

    La femme lâcha immédiatement la main de son interlocuteur.

    - Le fils de Laura ?

    Dan acquiesça doucement, surpris. Le changement d’attitude avait été radical : elle était devenue plus froide et avait repoussé sa main comme s’il avait eu la peste.

    Elle attrapa les prospectus de la main du garçon.

    - Tout compte fait, je ne pense pas que ce soit un métier approprié pour un garçon comme vous…

    L’adolescent n’en revenait pas, il jeta un coup d’œil au collègue de Mme Bales, mais ce dernier semblait éviter son regard.

    - C'est-à-dire, un garçon comme moi ?

    Il avait eu l’habitude d’entendre des moqueries dans son dos, par rapport à sa situation familiale singulière, ou parce que sa mère avait un travail habituellement tenu par des hommes… Mais personne ne l’avait jamais traité avec autant de mépris de façon si directe.

     

    La femme pinça sa bouche.

    - Votre profil ne correspond pas au métier, tout simplement.

    Dan la toisa encore un instant.

    - Merci, trancha-t-il, acide. Votre aide a été très appréciable. Je suis heureux de savoir que la ville a à sa tête des gens comme vous…

    Il tourna les talons et sortit du chapiteau.

    Claire l’attendait là.

    - Alors ? demanda-t-elle avec excitation.

    L’adolescent soupira.

    - Trouvons un autre métier, suggéra-t-il. Quelque chose de très, très loin. Tu crois qu’ils cherchent des barmans en Australie ?

    La fille sourit et ils continuèrent leur chemin.

     

    ***

     

    En fin d’après-midi, le salon prit fin. Les élèves et les adultes qui présentaient leur métier furent invités à profiter d’un banquet.

    Une petite esplanade avait été installée en bout de cours. Sur scène, des platines avaient été préparées. Le DJ ne tarderait pas trop, mais tout d’abord, le maire devait faire une allocution.

    - Je te dis que ça va être quelque chose de pompeux sur le futur, chuchota Dan à son amie en dégustant un biscuit apéritif. Tu ne veux pas qu’on rentre ?

    La fille l’attrapa par le bras.

    - Ca fait combien de temps qu’on n’a pas dansé ? s’enquit-elle. Tu essaies toujours de te défiler quand il y a du monde !

    - Claire, fit le garçon avec un sourire entendu, on a dansé il y a un mois à la fête de Danny… Et ce n’est pas ma faute, la foule me donne chaud ! J’ai l’impression que c’est un sauna, ici…

     

    Elle haussa les épaules.

    - On prend un verre, et on va se cacher dans le fond jusqu’à ce que notre cher maire ait fini de nous bassiner, ça marche ?

    Dan grogna. Il ne voulait pas l’admettre, mais il tirait une grande satisfaction à danser. Presqu’autant que lorsqu’il faisait du sport. C’était une parfaite activité pour relâcher toute énergie excédentaire !

    Mais ça ne fait pas très viril…

    Heureusement, il se fichait bien de l’image qu’il pouvait donner aux gens. C’était le miracle que vivre seul avec une mère barman pouvait engendrer…

    - Ca marche…
    Il attrapa deux verres de soda sur la table et joua des coudes pour quitter la foule.

    - Ici, maintenant, vous jouez votre futur ! clama la voix du maire Walker au microphone alors que Dan s’éloignait.

    J’en étais sûr !

     

    Finalement, les deux jeunes s’assirent contre un arbre, à quelques mètres de l’esplanade.

    Claire reposa sa tête contre l’épaule de son ami. Elle se sentait bien, là. Elle serait bien revenue sur sa parole… L’idée de passer la soirée dans cette position plutôt que d’aller danser était tentante…

    - Tu ne trouves pas qu’il y a beaucoup de policiers ? questionna le garçon.

    Elle releva la tête, tirée de ses pensées contre son gré. Elle regarda alentour.

    - Sans blague, on dirait que tout le département du shérif est là, ce soir… Ils ont peur que l’on mette le feu au lycée ou quoi ?

    Dan haussa les épaules.

    On dirait bien…

     

    ***

     

    La fête battait son plein. Anna commençait à se sentir mal à l’aise au milieu de tout ce monde…

    La musique était bien forte et cela n’avait rien à voir avec le genre qu’écoutait sa mère. Le lycée souhaitait vraiment impressionner ses élèves en donnant une image « in ».

    L’adolescente était avec un groupe de copines du collège. Elles semblaient toutes bien plus épanouies qu’elle dans ce milieu.

    Forcément, il y avait tous les garçons plus vieux du lycée, et cela suffisait pour ses amies.

    Elles se trémoussaient toutes sur place en sirotant leur soda. On aurait dit qu’elles étaient prises de spasmes. Suffisamment excitées pour bouger, mais trop timides pour aller sur la piste de danse…

     

    Anna scruta la foule. Les gens commençaient à danser vraiment, mais ils ne s’étaient pas tous précipités. La plupart des nouveaux ne voulait pas détruire toute chance de popularité. Seuls les plus vieux, suffisamment en confiance dansaient sans se préoccuper des conséquences.

    - Mon Dieu, regarde-les ! s’écria Aurélie.

    Anna tourna la tête dans la direction indiquée par son amie brune.

    Un garçon et une fille plus jeunes dansaient au milieu des seniors.

    - Ils ont notre âge, je suis avec lui en cours d’histoire, indiqua la brune.

    La blonde distingua enfin celui dont elle parlait.

    Il portait ses cheveux châtains courts avec une mèche hérissée sur son front. L’adolescent semblait complètement dans son élément sur la piste de danse. Il n’était pas très grand pour un garçon mais faisait bien quinze centimètres de plus qu’elle.

    Il n’était ni trop fin, ni trop large et arborait un sourire franc qui contrastait avec sa peau mate.

     

    - Mignon, tu trouves pas ? lança Aurélie.

    Anna acquiesça sans s’en rendre compte, mais cela ne passa pas inaperçu au milieu de ses amies. Les filles entourèrent la blonde.

    - Va danser avec lui ! suggérèrent-elles.

    - Non, ça va aller, merci… répondit-elle gentiment.

    - Si c’était moi, je le ferais, argumenta la brune.

    Comme les gens deviennent courageux lorsque ça ne les concerne pas…remarqua Anna.

    La blonde se sentit oppressée, ses copines l’acculaient vraiment. Elle sentit des picotements remonter le long de sa nuque.

    Du calme, s’imposa-t-elle.

    Elle joua avec la nouvelle bague qui ornait son majeur gauche.

    - Allez ! Prends ton courage à deux mains !

    La lycéenne secoua la tête pour assurer son refus. Mais ses amies continuèrent de la pousser.

    Le picotement se fit plus intense dans son corps. L’énergie ne demandait qu’à sortir. Si les filles l’asticotaient d’avantage, Anna ne pourrait plus se contenir…

    Il lui semblait que l’améthyste à son doigt commençait à luire légèrement.

    Stop !

     

    Kelly, une fille rousse du groupe lui tendit un verre.

    Anna le but d’une traite pour faire diminuer sa température. Elle fronça les sourcils. Un nouveau type de chaleur gagnait son corps et engourdissait ses extrémités.

    - Qu’est-ce que…
    Mais les picotements s’interrompirent. Et puis quoi ? Elle pouvait très bien aller danser près de ce garçon. Au pire, il la remarquerait… Serait-ce une si mauvaise chose ?

    Elle lança son gobelet vide par-dessus son épaule et s’avança vers la piste de danse.

    Aurélie couvrit sa bouche de sa main. Elle ne revenait pas du culot de son amie. Cela ne lui ressemblait pas du tout…

    - Non ! Elle ne va pas oser ?

    Kelly, triomphante, leva une petite flasque devant le groupe de copines.

    En amenant de l’alcool à une fête de lycée, je suis officiellement cool !pensa-t-elle.

    - Avec une petite dose de courage dans son verre, pourquoi pas ?

    La brune parut offusquée.

    - Tu n’as pas fait ça ?

    La rouquine haussa un sourcil.

    Aurélie s’élança à son tour vers la piste, mais il était trop tard…

     

    ***

     

    A quelques kilomètres du lycée, un groupe se réunissait. Ils avaient tous accouru dès le coucher du soleil, à l’orée de la forêt.

    Une vingtaine de vampires prit place autour de la souche du maître. Chacun d’entre eux était plus pâle que le précédent. La faim et l’excitation brûlaient leurs entrailles.

    Finalement, le seigneur se hissa sur la souche morte. Il portait un long manteau noir à capuche. Son identité devait rester secrète, au moins pour les deux premières étapes de son plan…

    Il contempla sa horde de fidèles en contrebas.

    - Mes frères ! lança-t-il en écartant ses bras. Notre retour à Crystal Village est enfin arrivé. Il est temps de reprendre cette ville qui est la nôtre !

    Les hommes et femmes levèrent leurs poings en l’air et crièrent.

    - Ce soir, nous mordons pour tuer ! Ce soir… Nous montrons au monde que cette ville est notre territoire !

    De nouveau, la troupe acclama.

     

    Le seigneur descendit de son perchoir.

    - Clément, j’aimerais te parler…

    Le chauve musclé se rapprocha de sa démarche chaloupée. Le vampire attrapa son sous-fifre par le bombers noir.

    - J’avais ordonné de ne faire aucune victime avant ce soir, murmura-t-il de sa voix suave. Ne sais-tu donc pas contrôler ta soif ?

    - P… Pardon maître, balbutia le chauve. Elle est passée près de la forêt, et… Elle sentait si bon.

    Le seigneur tapota sur l’épaule de son larbin. Ce dernier avait beau être deux fois plus large, il n’était pas très rassuré.

    - Je comprends, le lapin, ça va bien cinq minutes…

    Il sourit sous sa cagoule. En un éclair, il attrapa la gorge de Clément entre ses doigts et le souleva à plusieurs centimètres du sol.

    - Désobéis de nouveau et tu es bon pour un bain de soleil !

    Il balança sa victime plus loin.

    - A table, conclut le chef de la horde.

     

    Les visages se transformèrent. Des canines humaines se transformèrent en crocs d’animaux sauvages. Les veines se firent plus visibles sur les visages. Leurs yeux virèrent au noir, comme s’ils étaient vides.

    Le vampire était un animal. Une bête, reine de la nuit. Le parfait prédateur. Naturellement créé pour tuer. Une créature à la vitesse inégalable et à la soif éternellement inassouvie.

    Le vampire… Etait en chasse.

     

    ***

     

    Anna avait la tête qui tournait, elle trébucha en arrivant sur la piste. Dan l’a rattrapa avant qu’elle ne touche le sol.

    - Ca va ? demanda le garçon.

    Elle acquiesça sans oser parler.

    Quelques secondes passèrent sans qu’il ne lâche son bras. Il lui sourit. Elle allait se présenter lorsqu’une main tapota sur l’épaule de l’adolescent.

    - Viens Dan, c’est la musique parfaite, il faut qu’on fasse la danse Africaine !

    Claire jeta un coup d’œil à la blonde en face d’elle.

    - Salut, dit-elle mollement.

    Elle tira son ami par le bras.

    - Allez viens !

    - J’arrive, répondit-il.

    Il se tourna vers la Anna.

    - Ca va aller ?

    Elle hocha la tête et força un sourire.

    Il resta encore quelques secondes avant de suivre Claire qui le tirait vers le centre de la piste.

     

    - Allez Sherlock, il est temps de leur montrer ce qu’on a dans le ventre ! Trois, quatre…

    Les deux amis se mirent à se déhancher selon la routine qu’ils avaient apprise plusieurs étés plus tôt.

    Bientôt, leurs amis du collège les rejoignirent pour compléter la chorégraphie.

    - Hou ! Danny est dans la place ! cria Claire alors que son ami se mit à danser.

    Ils faisaient un tabac, même les seniors se mettaient à suivre leurs pas.

    L’adolescente éclata de rire. C’était parfait. Le lycée, ce n’était pas aussi dur que l’on disait : Dan et elle étaient déjà populaires !

    Elle chercha son ami du regard.

    Il dansait également, mais il fixait un angle de la piste avec insistance. Claire suivit la direction de son regard.

    Elle fronça les sourcils. La blonde qu’ils avaient croisée était accroupie et tenait sa tête entre ses mains.

     

    Avant qu’elle n’ait eu le temps de dire quoi que ce soit, elle aperçut Dan qui traversait la piste pour rejoindre l’adolescente.

    Claire s’arrêta de danser. Elle resta immobile au milieu de la foule à les contempler.

    Pourquoi il ne reste pas avec moi ?se demanda-t-elle.

    Elle leur accorda un dernier regard et prit la direction opposée.

     

    Dan s’accroupit aux côtés de sa camarade. Depuis qu’elle avait quitté la piste, elle s’était mise dans cette position. La mère du garçon tenait un bar, il savait très bien à quoi ressemblait quelqu’un qui avait trop bu… Mais comment cette fille avait-elle eu accès à de l’alcool ?

    Il l’attrapa et la souleva doucement. Elle s’appuya sur lui et il passa son bras par-dessus ses épaules.

    - Ca va aller, assura-t-il.
    - Ca tangue, marmonna-t-elle.

    Il l’éloigna des enceintes qui ne devaient pas arranger la situation pour la blonde.

    Lorsqu’ils furent plus au calme, il l’assit contre un arbre.

    - Est-ce que tu es venue avec des amies ?

    Elle hocha la tête et désigna le banquet. A côté des tables, un petit groupe de filles sirotait des sodas sans quitter les danseurs des yeux.

    - Ne bouge pas, je reviens…

     

    Il laissa la blonde et se dirigea vers les filles. Elles s’écartèrent pour le laisser passer.

    Sans plus de présentation, il attrapa le verre de la rouquine qui lui faisait face.

    - Mais qu’est-ce que tu fais ? s’énerva-t-elle.

    Dan porta le gobelet à son nez et sentit le breuvage. Ca puait l’alcool… Il jeta le verre au sol.

    - Mais t’es taré ! cria-t-elle.

    Dan désigna Anna du doigt :

    - Y a votre copine qui ne se sent pas bien. Vous pourriez au moins prendre soin des vôtres…

    Une brune à côté du garçon posa son verre pour se précipiter vers son amie. Deux filles suivirent.

    - Non, mais tu te prends pour qui, Superman ? cracha la rouquine.

    Dan secoua la tête. Il la regarda une dernière fois, médusé, et retourna voir Anna.

     

    La brune avait passé son bras dans le dos de son amie et la conduisait dans le lycée.

    Dan ouvrit la porte des toilettes. Le groupe de copines précéda la brune et s’occupèrent d’Anna.

    - Merci.

    Le garçon hocha la tête, tentant d’apercevoir la blonde derrière.

    - Pour ce que ça vaut, je ne savais pas que Kelly avait mis de l’alcool dans son verre. Je m’appelle Aurélie.
    L’adolescent releva finalement son regard pour croiser celui de son interlocutrice.

    - Dan… se présenta-t-il à son tour. Prenez soin d’elle.

     

    ***

     

    Claire attendait, adossée à un tronc d’arbre, dans la cour de récréation. Elle s’était mise en retrait, dans le seul espace qui abritait un peu de verdure.

    Elle avait vu son ami disparaître au secours de sa promise blonde, et puis elle ne l’avait plus recroisé.

    Elle s’était dit qu’à un moment ou un autre, il serait revenu la chercher. Ne serait-ce que pour la prévenir qu’il quittait la fête…

    Mais non.

    Elle sentit le froid la gagner progressivement. C’était la fin de la belle saison, et après avoir dansé comme elle l’avait fait, l’inactivité entraînait une certaine fraicheur…

    - Trop bruyant pour toi ?

    Elle se retourna, surprise.

     

    Un adolescent aux cheveux noir coiffés en pics se tenait devant elle. Il était pour le moins sexy avec sa fossette et sa mâchoire carrée…

    - Trop de monde, corrigea-t-elle.

    Il lui tendit un verre.

    - Je m’appelle Liam. Et toi ?

    - Claire, répondit-elle en se saisissant du gobelet.

    Il lui sourit.

    Quel sourire ravageur…
    - C’est un joli prénom, commenta-t-il.

    Elle leva les yeux au ciel.

    - C’est un prénom commun.

    Elle but une gorgée alors qu’il faisait un pas vers elle. Il se pencha vers elle et éloigna une mèche qui balaya le visage de la lycéenne.

    - Non, assura-t-il. C’est un joli prénom.

     

    Elle ne put s’empêcher de lui sourire.

    Définitivement sexy…
    - Tu veux faire un tour ? proposa-t-il.

    Elle hocha la tête et ils s’éloignèrent d’avantage de la foule pour pénétrer dans le lycée.

    Les couloirs de l’établissement étaient éclairés, pourtant il n’y avait presque personne dans les locaux. Les deux étudiants s’assirent contre les casiers.

    Cela faisait du bien d’être de nouveau au calme.

    - Je ne t’avais jamais vu… Tu allais au collège privé ? interrogea Claire.

    Liam secoua la tête.

    - Non, nous avons emménagé il y a quelques mois… Toi, tu vis ici depuis longtemps ?

    Elle hocha la tête.

    - Aussi loin que je me souvienne… Je te préviens, ici c’est la campagne, il ne va rien t’arriver de très excitant.

    - C’est aussi bien, répliqua le brun, tu n’imagines même pas le genre de personnes sur lesquelles tu peux tomber en ville…

     

    Claire se mordilla la lèvre, hésitante.

    - Tu veux pas danser ? proposa-t-elle.

    - Ici ? demanda-t-il.

    - Et pourquoi pas ? Le citadin a peur d’avoir l’air bête ?

    Liam se leva et tendit une main à la fille pour l’aider à se lever.

    Les lumières s’éteignirent toutes en même temps.

    - Qu’est-ce qui se passe ?

    Il n’y avait plus que les signes « issue de secours » qui diffusaient une pâle lumière verdâtre dans le couloir.

    Liam se retourna, décidé à retourner dans la cour.

    - Aaah ! s’écria Claire de surprise.

    Un individu se trouvait au milieu du couloir, entre les deux adolescents et la sortie.

    Il semblait avoir surgi de nulle part.

    L’homme s’avança doucement et s’arrêta à quelques mètres des deux jeunes. La lumière de l’issue de secours éclaira son visage.

    - Mon Dieu, qu’est-ce que c’est ?

    La créature avait une silhouette humaine, mais en y regardant de plus près, on discernait de grosses veines qui partaient de la commissure de ses lèvres. Ses yeux étaient deux billes noires sur un fond rouge, comme si les vaisseaux sanguins avaient explosé tout autour.

    Il ouvrit la bouche et passa sa langue sur ses deux canines monstrueuses.

    Liam tira Claire derrière lui.

    - Ca, c’est un vampire… expliqua-t-il sans quitter son adversaire des yeux.


  • Commentaires

    1
    cyndy80
    Samedi 23 Février 2013 à 18:54
    J'ai commandé le tome 1 ^^
    2
    Jake Vecchiet Profil de Jake Vecchiet
    Samedi 23 Février 2013 à 20:55
    Waaa ! Trop trop flatté, tu me diras ce que tu en as pensé ? Je te fais confiance pour être honnête, mais j'espère vraiment que ça te plaira ! BONNE LECTURE !!!
    3
    cyndy80
    Samedi 23 Février 2013 à 21:17
    Ba oui t'inquiète pas, ce genre me plaît bien. Et oui je serais honnête.
    4
    Juju99
    Samedi 30 Mars 2013 à 13:16
    Waah, ça a l'air génial ! J'adore écrire et je me demandais comment tu as fais pour te faire publier... Merci d'avance, à bientôt ! (en passant, super blog !) ^^
      • Jake Vecchiet Profil de Jake Vecchiet
        Dimanche 31 Mars 2013 à 15:29
        Merci Juju ! Et bien j'ai envoyé mes manuscrits en maisons d'édition... Dur dur de se faire lire par les grandes, mais les plus modestes peuvent accepter ! Edilivre par exemple, même si pour le suivi, ils ne sont vraiment pas géniaux... N'hésite pas à tenter ta chance ! Bonne continuation !
    5
    cyndy80
    Dimanche 28 Avril 2013 à 22:44
    Hello comment vas-tu ? Oui t'inquiète j'avais reçu ton livre^^ Pas encore pu le lire. Désolée de ne pas avoir donner de news avant, je fais une reconversion professionnelle. Je fais les navettes entre ici et Lyon Je ne reste pas sur kazeo. @++++++++ Bisouxxx à Audrey et toiiii Cyndy Ps si tavais une adresse mail ^^
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    6
    Jake Vecchiet Profil de Jake Vecchiet
    Dimanche 28 Avril 2013 à 23:26
    Salut Cyndy ! Super d'avoir de tes nouvelles ! Je te contacte par MP pour te donner mon mail ! Bisous
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